Mali : « l’insécurité grandissante met en péril les
droits fondamentaux des Maliens » – L’Expert de l’ONU
BAMAKO / GENEVE (16 novembre 2016) – l’Expert indépendant
sur la situation des droits de l’homme au Mali, Suliman Baldo s’est dit vivement préoccupé par la
détérioration de la situation des droits de l’homme provoquée par l’insécurité
dans le nord et le centre du pays.
Au terme de sa septième visite au Mali, du 7 au 16
novembre, M. Baldo a appelé les signataires de l’Accord pour la paix et la
réconciliation au Mali, issue du processus d’Alger à « redoubler d’efforts pour
que démarrent les mesures de cantonnement et de désarmement des combattants et
pour accélérer la mise en œuvre de cet Accord.»
« Cette insécurité grandissante, attribuable en grande
partie aux retards enregistrés dans la mise en application de l’Accord, aux
défections au sein des groupes armés signataires et à l’émergence des nouveaux
acteurs armés, met en péril les populations civiles dans les régions touchées
en restreignant leurs moyens de survie, leur accès aux services de base et à
l’aide humanitaire », a-t-il indiqué. « Les groupes violents extrémistes, ont
aussi multiplié les attaques meurtrières contre les civils, les FAMA et les
forces internationales.»
«A Goundam, tous
mes interlocuteurs, y compris les autorités locales, se sont plaints de cas de
vols à main armée et d’extorsion aux postes de contrôle mis en place par des
groupes armés sur les axes routiers de la région de Tombouctou. Certains
usagers de ces axes routiers ont été tués ou gravement blessés lors de ces
contrôles. Les populations vivent dans la peur.
L’Expert indépendant a rencontré plusieurs associations
de victimes et les principaux acteurs du secteur de la justice pénale et
transitionnelle. « Il est évident que peu de progrès ont été enregistrés dans
le traitement judicaire des dossiers de crimes graves commis pendant la crise
de 2012/2013. En particulier, les 113 victimes d’abus sexuels qui avaient
portés plainte devant les instances judiciaires attendent toujours que justice
soit faite.»
«J’ai aussi rencontré des femmes victimes de violence
sexuelle et basée sur le genre qui ne sont pas en mesure d’assurer leur prise
en charge psychologique, médicale, économique et juridique faute de moyens », a
ajouté l’expert indépendant. « Les risques de violences sexuelles restent
élevés en l’absence de programmes de protection.»
M. Baldo a néanmoins salué les actions entreprises par
les autorités depuis sa dernière visite en février en vue d’améliorer la
situation des droits de l’homme, notamment : la réinstallation progressive de
l’autorité de l’Etat dans plusieurs
zones touchées par le conflit, et la réforme de la Commission Nationale des
Droits de l’Homme, conformément aux normes internationales. L’annonce du procès
de Capitaine Haya Sanogo et d’autres individus présumés impliqués dans la mort
des Bérets Rouges en 2012, qui se tiendra fin novembre, constitue un autre pas
important dans la lutte contre l’impunité et la restauration de l’état de
droit.
M. Baldo a noté avec satisfaction la diligence dans la
mise en place de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Pourtant, il
a souhaité que la CVJR fasse plus d’efforts en matière de communication envers
la population, et mène des concertations plus approfondies avec les
associations de victimes dans le pays.
L’expert a conclu sa visite en réitérant l’appel à la
communauté internationale et aux agences des Nations Unies à redoubler leurs efforts pour aider le Mali à
surmonter les obstacles persistants à la lutte contre l’impunité et à la
protection des civils dans le pays.
Au cours de sa visite de dix jours, M. Baldo a rencontré
le ministre de la justice et des droits de l’homme, Madame la ministre de la
promotion de la femme, de la famille et de l’enfant, le ministre de la défense
et des anciens combattants et d’autres membres du Gouvernement malien. Il s’est
également entretenu avec des représentants de la société civile, y compris des
associations de victimes, avec les représentants des mouvements armés
signataires de l’Accord de paix, et avec les officiels du corps diplomatique et
des agences du système des Nations Unies.
L’Expert indépendant présentera un rapport sur la
situation des droits de l’homme au Mali au Conseil des droits de l’homme des
Nations Unies en mars 2017.
FIN
M. Suliman Baldo (Soudan) a pris ses fonctions d’Expert
indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali le 1er août 2013. M.
Baldo a occupé des fonctions de Directeur pour l’Afrique auprès de
l’International Centre for Transitional Justice basé à New York et de l’International Crisis Group.
En 2011, il a été l’un des trois membres de la Commission internationale
d’enquête mise sur pied par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies
afin d’enquêter sur les violences post électorales en Côte d’Ivoire.
Les Experts indépendants font partie de ce qui est
désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.
Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du
Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux
mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux
situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le
monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole; ils
ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire
pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations
et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.
Droits de l’homme de l’ONU – Page d’accueil du Mali :
http://www.ohchr.org/FR/Countries/AfricaRegion/Pages/MLIndex.aspx
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informations additionnelles et des demandes des media, bien vouloir
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À Genève (avant et après la visite): Brian Ruane (+41 79
444 3702 / bruane@ohchr.org).
À Bamako (pendant la visite): Guillaume Ngefa (Tel: +223
79879118)
Ce communiqué de presse est disponible ici :
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